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Sonder votre public sans le transformer en produit
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Dans un contexte de criminalisation des mouvements écologistes, le campement de Zaclay, lieu emblématique et espace de réflexion et de création d’alternatives sur le plateau de Saclay, est menacé de démantèlement.
Nous, signataires de cette lettre, demandons que cesse la répression contre Zaclay et appelons à intensifier la lutte légitime que mène le Collectif contre la ligne 18 et l’artificialisation des terres, afin de sauvegarder l’un des derniers territoires agricoles d’ampleur de la région parisienne.
Les 13 et 14 mai, nous appelons à venir défendre Zaclay et à faire vivre la lutte que ce lieu porte contre les projets nuisibles et imposés, et pour rendre possible une agriculture paysanne aux portes de Paris.
« Plus aucune ZAD ne s’installera dans notre pays », déclarait samedi 1er avril Gérald Darmanin en interview dans le JDD, annonçant par la même occasion la création d’une “cellule anti-ZAD” au ministère de l’intérieur. Selon la carte révélée par le JDD, la lutte contre la ligne 18 à Saclay figure parmi les 42 « sites sous surveillance » du ministère de l'intérieur « susceptible de se radicaliser à court terme ».
On peut voir d'abord dans cette déclaration une opération de communication, destinée à diaboliser des luttes locales gênantes qui défendent des causes légitimes. Le camp de Zaclay a été créé par des habitant·es, étudiant·es, scientifiques, agriculteur·trices ou paysan·nes, actif·ves ou retraité·es, avant tout soucieux·ses du devenir des quelque 4000 hectares d'espaces naturels, forestiers et agricoles du plateau de Saclay, dont 2300 dédiés à l’agriculture. Ces terres extrêmement fertiles font l’objet, avec celles de Gonesse, d’une demande de classement au patrimoine mondial de l’humanité par des personnalités du monde de la culture et de la recherche. Avec 20% de surfaces déjà en agriculture biologique, et de nombreuses installations agricoles récentes, ce territoire a le potentiel de développer aux portes de Paris une agriculture paysanne vivante et nourricière. Stockant le carbone atmosphérique, régulant les pics de chaleur et le cycle de l'eau, et abritant une riche biodiversité, les sols et espaces naturels du plateau de Saclay sont un bien commun inestimable, appelé à jouer un rôle crucial dans la résilience de la métropole parisienne face aux chocs climatiques.
Ces terres sont pourtant directement menacées par la ligne 18 du Grand Paris Express, qui les traverserait de part en part entre Saclay et Versailles. Ce projet de métro, en fragilisant les fonctionnalités agricoles, en démultipliant la pression foncière et en attirant les projets immobiliers spéculatifs, vouerait de fait l'ensemble du plateau de Saclay à une urbanisation massive. Alors que le réseau ferré francilien, notamment les RERs B et C, souffre d'un sous-investissement chronique, on préfère construire à travers champs un nouveau métro de prestige – d'un coût de plusieurs milliards d’euros –, ne répondant pas aux besoins effectifs de transports.
Ce projet est donc un non-sens, tant aux plans écologique que financier, qui ne bénéficierait qu'aux spéculateurs et aux multinationales du BTP. Depuis 2006, des associations, collectifs et habitant·es se mobilisent sans relâche. Leurs mises en garde, pas plus que celles de nombreux experts, n’ont jamais été entendues par les décideurs, et leurs recours juridiques ont été systématiquement rejetés sans être examinés sur le fond. Si les ZADs existent aujourd’hui, c’est en dernier ressort face à l’échec répété des procédures de débat public en France et au déni de démocratie que constituent ces projets imposés et nuisibles.
Mais Gérald Darmanin ne fait pas que communiquer : il veut aussi faire disparaître toute trace d’opposition à ces projets. Ainsi, sur le plateau de Saclay, les intimidations de la préfecture se sont intensifiées depuis quelques semaines, avec la convocation des agriculteurs accueillant Zaclay et de membres du collectif, pour des interrogatoires de plusieurs heures à la gendarmerie. Aujourd'hui, le couperet est tombé : si la ZAD de Saclay n'est pas évacuée début juin, le camp pourrait être expulsé par les forces de l'ordre et les agriculteurs se voir administrer des amendes pouvant se chiffrer en centaines de milliers d'euros.
Le démantèlement de Zaclay et la répression financière contre les agriculteurs constitueraient une attaque frontale, sans précédent et d’une agressivité démesurée contre la vie démocratique. Le campement de Zaclay joue un rôle crucial pour alerter et sensibiliser le grand public sur le devenir d'un territoire exceptionnel. Depuis maintenant deux ans, Zaclay est un lieu de rassemblement, permettant d’organiser et de rendre visible la défense des terres agricoles, un lieu de pédagogie où se tiennent conférences, projections et débats, un lieu où chaque promeneur·euse est invité·e à s’arrêter, s’abriter du vent, de la pluie ou du soleil, pour discuter et trouver une information indépendante.
Nous rappelons ici notre détermination à sauvegarder ces terres et leurs fonctionnalités, et à nous battre pour y voir fleurir des installations paysannes plutôt qu’un métro. L’enjeu est crucial : il s’agit en effet, en ces temps d’incertitude, de sécuriser l’accès des populations à une nourriture saine tout en préservant le milieu. Cela ne sera possible qu’à condition de sortir d’une agriculture industrielle, polluante et destructrice du vivant et grâce à l’installation sur nos meilleures terres de nombreux agriculteurs et agricultrices pratiquant une agro-écologie régénératrice et diversifiée. Détruire ces terres reviendrait à condamner cette voie de salut majeure.
Car il y a urgence à agir : depuis les années cinquante, 1400 hectares ont déjà été bétonnés sur le plateau de Saclay. Si rien n’est fait dans les prochains mois, ce sont plus de 4000 hectares supplémentaires qui risqueraient de disparaître à leur tour. Aujourd’hui, les travaux préliminaires du métro (fouille archéologique, études des sols, déplacement de réseaux) sont en cours de réalisation et l’arrivée des bulldozers semble imminente.
À l’heure où la menace devient de plus en plus pressante, nous, signataires de cette lettre, soutenons Zaclay et le Collectif contre la ligne 18 et l’artificialisation des terres. Nous appelons à venir massivement défendre et faire vivre ce lieu lors d’un rassemblement festif et déterminé les 13 et 14 mai prochains. Le week-end sera suivi d’une semaine de partage et d’ateliers thématiques et pratiques autour de l’agriculture paysanne. Nous nous engageons à rester solidaires et mobilisé·es si les menaces sur Zaclay et les terres fertiles se concrétisaient.
Pour signer l’appel, c’est ici !